Portrait de Tat Oyi
La spécificité de cet essai clinique de vaccin thérapeutique anti-VIH, le seul en phase 2 actuellement en France (trois autres sont en cours à travers le monde) : il cible une protéine, appelée Tat (pour transactivating), qui protège l’accès, chez les personnes séropositives, des cellules infectées par le VIH et empêche ainsi leur système immunitaire de les attaquer. Pour contrecarrer cet effet néfaste de la protéine Tat, le vaccin mis au point depuis une quinzaine d’années, contient une protéine synthétique, dite Tat Oyi, qui correspond à un variant de la protéine ciblée. L’objectif est d’activer, grâce à Tat Oyi, le système immunitaire contre Tat, et de lui permettre ainsi de neutraliser Tat grâce à des anticorps. L’intérêt serait de pouvoir diminuer alors le recours aux trithérapies, dont les effets secondaires sont nombreux. Voire, en cas de succès, de pouvoir y renoncer.
En cas de succès de cette première étape, une deuxième phase visera, à l’horizon 2014, à démontrer l’efficacité du vaccin sur un groupe de patients statistiquement significatif, soit 80 patients répartis en deux groupes. Le premier serait alors vacciné avec la dose optimale de Tat Oyi, le second servant de placebo. Pour l’instant, trente patients seulement sur les 2000 qui se sont portés volontaires ont été retenus, car répondant aux critères drastiques du protocole placé sous la conduite du docteur Isabelle Ravaux. Des patients séropositifs qui doivent en particulier accepter de manière éclairée d’interrompre pendant deux mois leur trithérapie à l’issue des trois vaccinations, pour mesurer efficacement l’effet de cette dernière.
Les atouts de Tat Oyi
Si les chercheurs et les médecins restent très prudents, le vaccin, dont la fabrication a été confiée à l’entreprise Biosantech, présente plusieurs atouts. Les études menées sur le macaque ont ainsi montré sa capacité à contrôler l’infection, et semblent par ailleurs indiquer qu’il pourrait également avoir un effet préventif. Autre atout : pendant toute la phase de recherche fondamentale, le variant Tat Oyi a montré une étonnante capacité à reconnaître toutes les formes, très variées, de la protéine Tat. Autant d’espoirs qui seront confirmés, ou pas, par l’essai qui débute à Marseille. Premiers résultats attendus, dans une revue spécialisée, au mieux à la fin de l’année 2014.